LES PHOTOGRAPHES A MARSEILLE

Aurélien Meimaris est né en 1990. Il vit et travaille à Marseille.

Le point d’ancrage de son travail est une réflexion relative au caractère incomplet et indirect de notre accès au réel. Que cette incomplétude et cette séparation soient déterminées par les limites de notre perception, par le filtre plus ou moins opaque de l’écran, par la médiation de l’image, par le mensonge du simulacre ou par le biais de systèmes de représentations sociales. Il s’intéresse aux mécanismes de l’organisation du réel objectif en réalités subjectives et aux passages ponctuels ou diffus entre différents niveaux de réalités (du vrai au faux, du référent à sa copie, du naturel à l’artificiel, du matériel à l’imaginaire…). Comment et pourquoi l’Homme construit-il des récits ? Quels rapport au monde ces récits induisent-ils ?

« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. » La Société du Spectacle, Guy Debord, 1967

Principales expositions

– Exposition personnelle à l’Hypoyhèse du lieu dans le cadre de Photo Marseille (oct. 2020)

– Présélection PRIX POLYPTYQUE, exposition collective, Centre Photographique de Marseille (avr. 2019)

– Tous à la plage, exposition collective, 1 Cube, Marseille (juil.-août 2018)

– À Force, exposition collective, Atelier Hyph, Marseille (mai-juin 2018)

– Rêvez, exposition collective, Collection Lambert en Avignon (déc. 2016 – juin 2017)

– La Fourmilière, exposition collective, La Compagnie, Marseille (nov.-dec. 2016)

– Artagon II, exposition collective, galerie Passage de Retz, Paris (sélectionné par Mohamed Bourouissa, Chantal Crousel et Antoine Levi) (avr. 2016)

 

Résidences

– Travail Travail, résidence en entreprise chez HighCo, en binôme avec Kévin Cardesa, avec Mécènes du Sud, Art-Cade, Collective, l’ESADMM et le Ministère de la Culture (2019 – 2020)

 

Diplôme

– DNSEP, félicitations du jury, (Zahia Rahmani, Valérie Jouve, Paul-Emmanuel Odin, Malachi Farrell), École Supérieure d’Arts et de Design Marseille Méditerranée (2016)

Né en 1955 à Le Faouët (Morbihan). Vit et travaille à Marseille. Représenté par Les Douches la Galerie, Paris. Ses travaux sont régulièrement exposés en France et à l’étranger, et font parties de collections publiques et privées. En 2009, il est nominé Prix découverte aux Rencontres d’Arles. L’oeuvre photographique d’André Mérian montre un intérêt pour ce qui construit chaque jour notre paysage. Qu’il saisisse des zones périphériques, des centres commerciaux, des architectures de l’organisation humaine, des espaces habités, des chantiers ou des écrans lumineux disposés dans l’environnement public, ses photographies tentent de figer ce qui se dresse autour de chacun, comme le décor moyen, banal du quotidien. Passée la frontière des villes, l’architecture prend une dimension nouvelle, où le factice, le provisoire et le démontable prennent le dessus. Le résultat est déroutant, et nous interroge sur ces espaces qui s’universalisent sur le sort réservé à l’homme dans cette esthétique du chaos, ses travaux nous questionnent sur la limite de l’objectivité et de la subjectivité. Guillaume Mansart

Née à Beyrouth en 1978. Travaille entre Marseille et Beyrouth. Randa Mirza est une artiste visuelle travaillant principalement le medium photographique et la vidéo. Elle obtient en 2006 le prix No Limit aux Rencontres Photographiques d’Arles, un prix international qui récompense un photographe ou un artiste utilisant la photographie, qui par son travail, contribue à repousser les limites de l’expression photographique. Randa Mirza a exposé son travail en solo aux Rencontres d’Arles 2019, au Finish Museum of Photography (Finlande), à la galerie Sfeir-Semler (Hamburg), à la Galerie Tanit (Munich/Beyrouth) et au festival Photomed (Sanary-sur-mer/Beyrouth). Mirza a également participé à de nombreuses expositions collectives à La fondation Merz (Turin), au Witte de With (Rotterdam), au Zentrum fur Kunst und Medientechnologie – ZKM (Allemagne), au Winterthur museum (Swisse), à la galerie Kashya Hildebrand (Londres), à la galerie Isabelle van den Eynde (Dubai), au Beirut Art Center et au musée Sursock (Beyrouth). Mirza est représentée par la Galerie Tanit (Munich/Beyrouth).

Randa Mirza remet en question la notion d’identité : elle cherche à déconstruire et à questionner les représentations normées, genrées et orientalisantes en rendant visible les constructions symboliques, sociales et politiques actuelles. A travers son œuvre, Mirza interroge la nature des images et leurs utilisations sociales. Elle manipule l’image photographique pour révéler les discours inhérents à toutes représentations, à la frontière ténue entre fiction et réalité.
Né en 1974 à Nice, diplômé de l’ENS Louis Lumière, membre de l’agence MYOP.
Son travail s’articule autour de la notion de patrimoine, des rapports qu’entretiennent les hommes avec leurs milieux et plus généralement sur la représentation du territoire.
Il est aussi Co-fondateur de l’espace photographique FERMÉ LE LUNDI à Marseille dont il est directeur artistique et où il dispense un cours de photographie.
Il collabore régulièrement avec la presse nationale et internationale en reportage, portrait ou architecture.
Il travaille en commande dans le domaine de l’architecture.
Il est aussi en résidence à Jardin Rouge, Fondation Montresso à Marrakech depuis 2019.

Principaux ouvrages

Nice Hier et aujourd’hui, 2003
Nice-Torino, 2007
Le port de Nice, 2006
La promenade des Anglais, 2007
Greystones, 2017
Les Arcs Film Festival, 2018
Jour Blanc, 2012
Marseille, Topologie d’un péril imminent ( 2020 à venir)
Water Please (2020 à venir).

Principaux projets et expositions

Jour blanc (Le Bon Marché,paris)
Nuit blanche (Galerie de l’Europe, Paris)
Montagne urbaine ( Polka Galerie, Paris )
Naturiste du Levant (Hotel de Sauroy, Paris)
Tous à la plage (RIP Arles 2018)
Topologie d’un péril imminent (RIP Arles 2019)
Water Please.

Commissariat d’exposition

Tous à La Plage
Alain Keler, Journal d’un Photographe
Ulrich Lebeuf, KHAOS.

Résidences

Villa Arson
Jardin Rouge

Elisabeth Montagnier vit et travaille à Marseille. Formation : Académie Julian/ Met de Penninghen Paris ; Ecole nationale Supérieure des Arts Décoratifs Paris où elle choisit d’utiliser principalement la photographie dans son travail ; Ecole des Beaux-Arts de Marseille ; Différents stages aux Rencontres de la Photographie d’Arles. Sélection d’expositions : « SA MUSE » Exposition collective Musée Regards de Provence, Marseille ; « OFFRANDE »  « BLUE PLANET »  Expositions solo Galerie David Pluskwa, Marseille ;  « PAPIER » Exposition collective Centre d’Art Contemporain de Briançon ; Expositions solo et collectives Galerie ToBart, Saint Barthélémy, Antilles ; « SYMBOLES ET SACRE » Musée d’Allauch. Actuellement Elisabeth Montagnier est représentée par la Galerie David Pluskwa, Marseille. Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques et privées.

Elisabeth Montagnier est une photographe insatiable qui jongle avec fluidité entre travail de commande et œuvre personnelle. Une façon à elle d’échapper au carcan quotidien des photos publicitaires, dont elle utilise cependant certains codes. Chez elle, il n’y a pas d’instantanés. L’acte photographique nécessite réflexion, pause et décision. Ses images à l’aspect glacé et léché restent cependant ludiques, joyeuses et chargées d’émotions.

Ses premiers travaux photographiques datent de la fin des années soixante-dix, associés à ses études à l’EHESS : Fos-sur-Mer (1979), La Seyne-sur-Mer (1980-83), Zup n°1 (1981-83), sa recherche se développe ensuite autour de la question de la représentation des lieux et du territoire: Cap Sicié (1984), Durance Km 296 (1986). En 1989, il crée à Marseille l’association SITe (Sud, Image, Territoire), un collectif de photographe porteurs de propositions autour du thème de l’environnement et des enjeux de ses représentations photographiques (Soude, (1993), Quarantaine (1993), Résurgence, (1994), Origine(s), (1998)). Il poursuit actuellement ses recherches (Tentatives d’effleurements (2014), Abords et limites (2015), De Rerum Natura, (2018)) et revisite ses archives en dialogue avec le chercheur en photographie et études paysagères, Jordi Ballesta.

Dès son origine, le travail photographique de Fabrice Ney se caractérise par le choix de ses thèmes et la manière de les traiter: une unité territoriale à un moment choisi de son histoire saisie dans les détails révélateurs de ses enjeux. Privilégiant l’accumulation sérielle qui puise sa cohérence dans un cadrage rapproché des éléments constitutifs de l’environnement immédiat, l’accrochage au mur se présente sous des formes  permettant des interprétations ouvertes, et pouvant s’articuler avec d’autres matériaux (scientifiques, sonores, poétiques…).

« Photographier nous invite à porter un regard licencieux et décalé sur l’essentiel du monde. Ce faisant, tout encadre cette activité pour, au contraire, la borner au convenable. L’acte photographique n’évolue-t-il pas dans le souci de cette tension? 

Mais il est bien plus, peut-être, car nécessairement la question se pose de cette étrange conscience de voir. Notre regard n’a de cesse d’exciter la certitude de notre existence et au creux de cette certitude repose un point aveugle qui se dérobe.

Le photographe ne doit-il pas se perdre dans l’acte d’affleurement de cette expérience étrange et commune d’être au monde? Et, de cette expérience partagée, disparaître de la surface de l’image pour laisser place à l’insistance d' »un regard – sans personne »

Fabrice Ney – Un regard sans personne.

Il est diplômé de l’École Nationale Supérieure Louis Lumière en photographie, où il initie une démarche personnelle qui interroge les espaces, les territoires et leurs usages. Ses recherches explorent les rapports qu’entretiennent les objets de la banalité et les personnes avec les lieux dans lesquels ils s’inscrivent. La pluralité des dispositifs plastiques qu’il met en place, lui permet de garder un regard critique sur ses sujets.

Jouant d’allers retours entre l’histoire du médium et ses pratiques actuelles, les protocoles de prises de vue développés s’attachent, avec une dimension performative, à faire apparaître des images que seul l’outil photographique peut donner à voir. En 2004 lors d’une résidence à Niort il part à la redécouverte des paysages de sa prime enfance avec la série Des courbes de choses invisibles. En 2005, grâce au soutien de la Fondation de France, il réalise Un Trajecto Iberico, portraits et paysages, sur les autoroutes espagnoles, de la communauté d’origine marocaine sur le trajet de leurs vacances vers le Maroc.

En 2008 durant sa résidence au 104 avec Peau proche du bâtiment il questionne le rôle politique de l’absence de mobilier urbain dans les choix d’aménagement d’un quartier parisien dit «sensible». En 2015 il achève un travail sur les Iles du Frioul : Périgée au Frioul. Durant quatre ans, les nuits de pleine lune il part lourdement chargé de sa chambre 20*25 pour représenter avec l’éclairage lunaire ce territoire insulaire protégé. Il s’agit également de vivre l’expérience nocturne de ces paysages situés au «large» de Marseille, en produisant des images que seul le support photographique peut donner à voir.

Depuis trois ans il travail sur un projet dans le massif pyrénéen. Il y interroge les modalités de représentation d’un territoire de montagne en confrontant et en mixant des typologies iconographiques et photographiques plurielles. En explorant l’aménagement du territoire dans ses aspects historique et contemporain, les mythes constitutifs…

Les travaux de commandes de Sébastien Normand documentent les réalisations d’artistes, de plasticiens, de créateurs, de chorégraphes qui questionnent la place du corps dans l’espace physique, social et politique, de collectifs d’architectes qui interrogent et expérimentent l’acte de construire et d’habiter.

Né en 1965, vit et travaille à Marseille. Photographe hyperactif, il porte une attention toute particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps. Souci et poétique documentaires définissent son regard, qui longe sans cesse les lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable. Territoires, objets, techniques, gestes : l’accumulation joue un rôle important dans son œuvre. Il s’agit en quelque sorte de faire l’inventaire des formes et modes de vie ayant cours dans un monde globalement ravagé par le capitalisme, pour mieux cerner ses possibilités de réinvention – dont notre survie dépend.

« Ma démarche photographique allie un regard documentaire à une création artistique. Elle part d’une expérience, d’une mythologie personnelle, … et se construit à partir de contraintes. J’explore une société dans laquelle je suis, je vis et je m’inscris, du local au global. De façon transversale, j’aborde des questions autour des rapports que l’homme entretient avec son territoire. Un territoire que j’interroge dans sa modernité où se confrontent immuabilité et changement. Mon écriture photographique se construit dans un langage poétique nourri de récits photographiques subjectifs. Ces récits photographiques proviennent de différentes thématiques, préalablement définies et développées à travers les prismes de la mythologie, de l’histoire, de la sociologie, de l’anthropologie, de la poésie. Ils sont les moteurs d’une création multipliant et croisant les points de vue. Les photographies traduisent une durée et les multiples temps de l’histoire. Elles évitent toute forme de spectaculaire et s’écartent de tous les types esthétiques qui conditionnent notre regard. J’élabore ainsi une nouvelle géographie, plus humaine, plus sensible et personnelle, ma Géopoétique. Par le mélange des traitements photographiques (noir et blanc, couleur, petits, moyens et grands formats), par la diversité des supports de création (photographies encadrées, bâches, vidéo projection, dispositif sonore, carte géographique revisitée, tracés, documents d’archives, écrits), ainsi que par l’appropriation et la participation du public (exemple 5000 photographies sur une table ronde dans Ulysse ou les constellations), je renforce et j’élargis ma création sans jamais la figer dans une seule réalité ou une seule représentation. L’installation dépasse le cadre traditionnel de la photographie, recréant une cartographie personnelle, une autre circulation du sujet, un volume, un univers en trois dimensions où tous les supports sont liés et prennent un sens dans le dispositif. Pour compléter cet esprit nomade, je propose une œuvre qui offre une pluralité d’organisations permettant sans cesse de trouver des formes nouvelles et alternatives. Elle peut se modeler et s’adapter aux lieux d’exposition, s’enrichir de nouvelles créations et s’ouvrir ou se confronter à d’autres interprétations. L’œuvre, que je souhaite ouverte, se retrouve toujours en mouvement. » Franck Pourcel

Né en 1980 dans la Drôme, et après des études de Lettres Modernes, j’ai suivi à Nancy la formation du Centre Européen de Recherche et de Formation aux Arts Verriers (CERFAV) qui m’amènera à travailler quatre années durant à Londres au Surrey Institute of Art and Design University College. En 2006, j’entre à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles (ENSP) d’où je sors diplômé en 2009, année à laquelle je participe à l’exposition Une attention particulière* pendant les Rencontres Internationales de la Photographie. Au cours de mes trois années d’études à Arles, je développe un travail personnel alliant photographie, sculpture et dessin. J’édite ma première publication dédiée à la série photographique Les voleurs, en 2011 avec les éditions Marguerite Waknine (Angoulême). Installé depuis 2009 à Marseille, résident des ateliers de la Ville de Marseille de 2014 à 2016, mes travaux photographiques ont été présentés aux ateliers de l’Image (2014), à La Compagnie (2011) mais également à Glassbox et au BAL (2012), à Kosice Capitale Européenne de la Culture en 2013, à L’Institut national des Beaux Arts de San Miguel de Allende au Mexique (2014), au Festival International du Livre de Photographie à Kassel (Allemagne, 2010) et plus récemment à l’Escaut (Bruxelles, 2016). Ma pratique artistique tisse des liens entre les deux axes de mon parcours éducatif : la sculpture et la photographie. En amont de mon cursus de l’ENSP d’Arles, j’ai longtemps travaillé le verre comme matériau, à la fois utilitaire et sculptural. Je me suis d’abord intéressé aux vitraux et à la transformation de l’espace grâce à la transparence et à la couleur. Par la suite, formé à la technique de la pâte de verre -qui se rapproche de la fonte à la cire perdue pour le bronze avec les différentes techniques de moulage qui y sont liées-, j’ai mis en pratique ces savoir-faire auprès d’artistes en Angleterre et dans le domaine de l’éducation. Mon travail photographique oscille entre une pratique assez libre, “ légère “, et le questionnement du medium par lui-même. Loin d’un discours de l’art sur l’art, je privilégie les notions de “ déjà vu “ ou de “ cliché “ qui permettent une distance critique face au visible, nécessaire en photographie. Cette mise en question du medium utilisé passe souvent par des rapports dialectiques. La déconstruction et la destruction sont des notions importantes dans l’élaboration de mes œuvres. D’autre part, j’accorde une grande importance à la mise en forme de l’image photographique en exposition, non plus seulement un rectangle encadré mais plus comme un medium souple, flexible et adaptable à de nombreux supports. À l’instar du corps de l’adulte qui conserve en lui celui de l’enfant, j’aime jouer d’une attention particulière, dans mon travail, à la langue et au langage. Enfant, j’avais de nombreux “soucis” avec la langue écrite comme parlée (bégaiement entre autres). Petit à petit ces problèmes ont trouvé une autre forme et la langue m’est apparue comme un nouveau territoire de jeu et de sens. Les mots et leur pluralité signifiante sont bien souvent à la genèse de mes recherches et se font éléments indiciels dans la finalisation des travaux, à travers les titres que je leur destine. « Gilles Pourtier a une conception ouverte de la photographie. Refusant de contraindre une pratique qui s’appuie sur des situations de résidences, d’expositions, d’éditions spécifiques ou de collaborations, il se plaît à tordre les formats pour produire des œuvres qui sont autant des images que des objets ou des installations. Aussi chaque projet est-il l’origine d’une nouvelle mise en recherche formelle. La collaboration est souvent au cœur de sa production, comme un espace de négociation qui permet à chacun de porter plus avant sa pratique, elle donne parfois lieu à des œuvres dans lesquelles la signature partagée indifférencie les photographies prises par l’un ou par l’autre. Mais qu’il remonte une rivière avec Anne-Claire Broc’h (Before science), qu’il parte à la rencontre de granges en train de s’affaisser avec Sandro Della Noce et Guillaume Gattier (They shoot horses, they don’t demolish barns), ou qu’il s’intéresse à la vie ouvrière en Slovaquie (Vztahy) Gilles Pourtier signe son travail d’un regard précis, empreint d’une forme d’humilité et de poésie.» Guillaume Mansart « En 2006, après avoir été verrier durant plusieurs années, Gilles Pourtier décide de devenir artiste. Si la photographie devient alors son moyen d’expression principal, l’utilisation qu’il en fait ne s’inscrit pourtant ni dans une tendance pictorialiste ni dans la pratique indicielle de la photo conceptuelle. Sa démarche se situerait plutôt du côté de l’enquête photographique, dans une veine quasi ethnographique, à l’instar des séries Les voleurs (2010) et La ligne d’ombre (2013) réalisée sur les îles de Batz et Ouessant en collaboration avec Anne-Claire Broc’h. Son mode opératoire s’apparente, en effet, à un inventaire vernaculaire révélant les singularités qui se nichent derrière la banalité des espaces, des actes et des gestes du quotidien. À l’instar du constructivisme bancal associant une tablette murale et une prise électrique ou un radiateur encastré dans une cheminée (ces deux photographies appartiennent à la série Le Château, 2009), Gilles Pourtier fait émerger au fil des séries et des publications une sensibilité qui évacue simultanément l’objectivité indicielle et le pathos afin de saisir le quotidien sans toutefois se l’approprier. Aucune trace d’impérialisme du regard ne subsiste dans ses tirages puisque sa démarche, au contraire, consiste à révéler l’indétermination dissimulée par les apparences. En abandonnant le travail manuel du verrier, Gilles Pourtier a mis à distance le geste artistique du faiseur démiurge. Grâce au médium photographique, il laisse advenir la captation fragile du regardeur dont les moyens d’actions sont la curiosité et le cadrage.» Gallien Dejean

Photographe auteure, Céline Ravier parcourt le monde principalement à pied depuis une vingtaine d’années. Au travers d’une photographie documentaire et esthétique, elle cherche à mettre en valeur l’homme dans son environnement. Ses photos et reportages ont été publiés dans la presse magazine (A/R Voyageur, Trek Magazine, Grands Reportages…) et présentés lors de nombreuses expositions personnelles et collectives. Pendant 3 ans elle a collaboré avec le collectif de la revue de photojournalisme « Vies de Quetzal ». Diplômée de l’École de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille (EJCAM), elle a publié en août 2019 « [Auto] Edition Photographique, enquête sur une mutation » aux éditions Arnaud Bizalion Éditeur. Cet ouvrage analyse les liens entre transformations actuelles du marché de l’édition photographique et émergence des nouvelles technologies éditoriales au service des photographes. Elle vit et travaille à Marseille.

Né en 1958 à Dakar, vit et travaille à Marseille. « J’ai orienté mes recherches sur le travail avec les poupées fin 88. Je m’étais rendu compte qu’en me photographiant en noir et blanc et en réalisant un tirage sur lequel je me détourai à l’aide d’un cutter je pouvais rephotographier cette image de moi, bien face à l’objectif et la bidimensionalité de cette image disparaissait au profit de l’illusion du relief ( Le photographe, 1988 ). Après cette image, j’ai voulu me représenter comme une figurine sur les gâteaux de mariage. J’ai d’abord contacté des boulangers mais ces figurines ne convenaient pas. Le hasard fait le reste, je passe devant un magasin de jouets et découvre une poupée Barbie vêtue en mariée. Je ne connaissais pas le jouet mais en montrant cette première photo ( Mariage, 1988 in catalogue d’un art l’autre ), les enfants de mes amis m’ont montré qu’il existait aussi toute une panoplie d’accessoires : maison, voiture, vêtements, objets usuels de notre monde contemporain. Depuis je me photographie dans un monde de jouets. Dans des carnets, je réalise des croquis et prends des notes qui me serviront à construire le décor propice à ma scénographie imaginée. J’achète ensuite les jouets, les poupées et ustensiles nécessaires à la réalisation de la scène. Tout peut servir, légo, gadgets, bibelots, objets magnétiques pour frigos, etc… Les poupées sont démantelées, découpées, soumises à des transformations pour obtenir la pose désirée. Je réalise alors mon autoportrait avec l’aide de mon assistante qui s’occupe aussi du « stylisme » des poupées et des fabrications de décors. La pose est définie à l’avance comme la lumière. Ce tirage, où je suis cadré à la dimension des poupées me sert à réaliser après découpage ma propre marionnette que j’insère, après l’avoir renforcée au dos avec du fil de fer, dans le décor dimension jouet. La dernière étapeconsiste à photographier cette mise-en-scène. » Olivier Rebufa, 2000

Teddy Seguin est sorti de L’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2002. Il se consacre dans un premier temps à la photographie de reportage dans laquelle il explore les univers clos. Ses reportages sont régulièrement publiés dans la presse nationale et internationale. Les microcosmes d’une mine dans les steppes Kazakh, d’un navire de pêche en mer de Barents ou d’un campement de chasseurs cueilleurs dans une forêt équatoriale constituent la base de son travail actuel.

A partir de 2010, il commence à réaliser des séries plus personnelles avec toujours cet intérêt pour l’insularité. La mondialisation réduit à présent les frontières qui séparent encore les “insulaires” du reste du monde. Pourtant, l’isolement, qu’il soit géographique, social ou culturel façonne encore des caractères forts et singuliers sur lesquels Teddy Seguin s’attarde dans ses dernières séries comme Outport, la Natividad ou lîle Castellane. Ces différents travaux sont regroupés dans un cycle encore en cours intitulé INSULAE.

INSULAE

A la manière des Insulaires de la Renaissance composés de cartes représentant exclusivement des îles du monde inconnu, le projet Insulae propose un atlas photographique sur le thème de l’insularité. A l’origine, Insulae met au défi l’objectivité supposée de la géographie par la proposition aléatoire et fantaisiste d’un archipel personnel d’îles éparses réelles et imaginaires, chacune d’elles devenant prétexte à un voyage. Le repérage de ces territoires insulaires, ne relève pas davantage d’une méthode rigoureuse qui présupposerait d’identifier sa situation, son éloignement d’un continent, sa forme ou son appartenance à un état.

Les photographies qui composent Insulae ne prétendent pas décrire une île en particulier mais davantage effleurer, à force de répétition, une idée d’île, son dedans et son dehors, la difficulté d’accoster, l’immersion dans un monde clos jusqu’à la tentative d’y assumer son altérité. D’une série à l’autre, un objet abandonné, l’expression d’un visage, l’embrasure d’une fenêtre, une perspective sont autant de signes qui fabriquent par leur récurrence, une matérialité du paysage insulaire. L’expérience intime de ces voyages, la rencontre et la découverte d’un territoire à priori hostile forment le terreau de la série Insulae. Dans le dernier volet de cette recherche, l’insularité retient la métaphore cartographique comme fil rouge du projet. Oasis, ghettos urbains ou villages isolés ne reproduisent-ils pas partiellement un modèle insulaire ?

Ces environnements ont-ils comme socle commun une tentative d’échapper à l’emprise de la société, de créer un rapport différent à l’espace et à l’autre ? De façon assez surprenante, l’étymologie de l’île, du latin insula qui définit une terre entourée d’eau est semblable à l’insula qui apparait au 1er siècle dans l’urbanisme de Rome et qui désigne un immeuble d’habitation collectif en opposition à la Domus, la demeure du maître.

Entité dynamique et paradoxale, espace à la fois immuable et fluctuant, image de l’Eden, terre de l’utopie ou de l’isolement, de la solitude et de la mort, l’île est une image mentale créée par le langage. Une autre expérience visuelle autour de deux territoires insulaires comme la cité de la Castellane à Marseille et la région montagneuse de Castagniccia en Corse poursuivent ce projet.

Michaël Serfaty est né en 1959, à Casablanca, au Maroc. Il vit et travaille à Aix en Provence et Marseille La pratique et la démarche de Michaël Serfaty s’avèrent soumises à une même force centripète. Semblant tout d’abord s’attacher aux signes, aux lignes, aux constructions géométriques du monde qui l’entoure, à la beauté des personnes et des choses, à leurs formes et à leurs couleurs, il s’est donné le temps de dépasser graduellement la surface des lieux et des individus. Délicatement, minutieusement, il s’est concentré sur l’exploration des strates qui constituent une vie. Celle d’un territoire, d’un être, des êtres, de son être. Mentales, ses images sont de plus en plus objets d’expérimentations des sens et des formes. Parti du Maroc à l’âge de 13 ans, il garde en lui les traces de l’exil, de l’ailleurs, de l’enfance. Il est devenu gourmet de la vie, de toutes ses saveurs, et en accepte même les plus amères comme autant d’enrichissements. Il les collecte dans les images qu’il nous offre, et nous propose un dialogue, un échange et une possible introspection, au travers d’une expression qu’on pourrait inscrire dans les Nouvelles Ecritures Photographiques.  Il est représenté par l’agence révélateur et est également co-administrateur, avec Edith Laplane, du lieu d’arts et d’inspiration, Le Pangolin, à Marseille

Doriane Souilhol vit et travaille à Marseille. Elle est diplômée de l’Ecole d’arts appliqués Duperré de Paris. Ses expositions récentes comprennent des projets à dimension internationale notamment la nuit des musées, Institut français, Hambourg (2019), Radiophrenia festival , Center for Contemporary Arts, Glasgow (2019) ainsi que L’intrigue se cherche dans le dénouement de son nœud, La Compagnie, Marseille (2018), et des performances lors de Nos désirs sont les vôtres, Triangle France, La friche, Marseille (2018), On the Tip of the Tongue, Musée d’Art Contemporain, Marseille (2018), kNOT I, public pool, cité internationale des arts, Paris (2018). Elle est lauréate du prix photographique Polyptyque (2018). Son travail est présenté dans des collections privées et publiques (FRAC, FCAC).

Son processus de travail se construit par le croisement de différents champs de savoir notamment les sciences et la psychanalyse. Elle mène une recherche autour de la notion de désir tentant d’approcher la manière dont il « prend corps » à l’origine dans le processus de pensée, de rêve, de création… Cela se traduit par une exploration attentive de la matérialité de l’image et du langage. Ses propositions se déploient en installations, sculptures, vidéos, images et projets éditoriaux Ses travaux récents s’ouvrent sur la pratique de la performance.

Née en 1944, vit et travaille à Marseille. 

« Un principe d’inversion traverse toute l’œuvre de Michèle Sylvander. Là où l’on s’attendrait à y trouver un principe de projection de soi, comme une sorte de tentative d’élucidation et d’identification de l’être singulier, c’est toujours une inversion qui opère. Mais on en conviendra d’emblée : projection et inversion communient au sein de nombreux dispositifs de représentation. À commencer par celui de la chambre noire. Que ne sommes-nous pas habitués à cela ? Inversion de notre image dans le miroir, négatif/positif?, masculin/féminin?, haut/bas?, loin/proche?, devant/derrière?, vide/plein?, père/mère?, mort/vivant?

[…] Toute l’œuvre de Michèle Sylvander commence là, traite de cela, mais sur un mode d’objectivation inédit : en se retournant sur sa vie, il est possible de tout inverser, de tout recomposer, c’est-à-dire de tout réécrire. La vie commence à l’instant du retournement. Le temps de Michèle Sylvander est comme l’image qui se projette dans une chambre noire, répétons-le : une inversion (gauche-droite), un renversement (haut-bas) qui sont le réel projeté. Mais l’artiste ne redresse rien, elle observe cette projection qui n’est pas encore un enregistrement, elle la fixe dans ce stade spectral de l’inversion complète : ni négatif ni positif, ni vrai ni faux, ni présent ni absent, ni mâle ni femelle, ni jour ni nuit, ni humain ni animal, ni mort ni vivant. De là, elle parvient à nous faire lire le monde non plus sur le principe des oppositions distinctives — chaud/froid?, jour/nuit?, bien/mal? — mais selon ce qu’elle a mis au point : les inversions distinctives. » Michel Poivert, Des Histoires, catalogue éditions P., Marseille, 2015

Patrice Terraz est photographe indépendant. Il vit et travaille à Marseille qu’il ne cesse de photographier. Ses photographies sont diffusées par l’agence Divergence. Il a longtemps documenté le milieu maritime et portuaire à travers la série sur les marins abandonnés intitulée « Welcome on Board ». Il poursuit depuis 2014 une longue série photographique documentaire sur la jeunesse en France. En 2017, une commande du Centre National des Arts Plastiques oriente son travail vers la jeunesse française qui vit dans les territoires Outre-mer. Il a ainsi photographié la vie quotidienne des jeunes ultramarins en Nouvelle Calédonie, en Guyane et à Saint Pierre et Miquelon. Ses travaux ont fait l’objet de nombreuses publications dans la presse, notamment, Le Monde, l’Obs, La Vie, Phosphore, ou la revue 6Mois. Il a exposé dans de nombreux festivals, musées et galeries à Paris, Marseille, Sète, Arles, Perpignan, Cannes, Niort, Vannes, Palerme, Bari, Beyrouth, Newcastle, Londres, Zürich, Barcelone, New York…
Thibaud Yevnine est né en 1981 dans le Sud de la France, pas très loin de la montagne Sainte-Victoire, pendant l’été, là où les odeurs de pins sont les plus fortes. Très tôt il se consacre à la pêche à la ligne (vers 6 ou 7 ans) et la nuit, tandis que les prises sont plutôt rares (mais plus nombreuses qu’aujourd’hui) il a de longues conversations avec un autre pêcheur, enseignant d’art plastique, et qui lui apprend, sans le savoir et sans le vouloir, les rudiments de l’art. Très ambitieux, à l’âge de 18 ans, il gravit les différents échelons de la carrière de livreur de pizza. A 20 ans, laissant cette carrière derrière lui (il aime le changement), il vit à Lima, au Pérou, où il lit et écoute les grands classiques de la littérature et de la musique. Notamment Jack Kerouac et John Coltrane. Il fait ses premières photos dans les Andes et photographie principalement des chiens errants, des hommes debout dans le bus, et une femme nue pas loin d’une table en bois. A son retour en France il étudie les Lettres Modernes et les Sciences du Langage à l’université. Il découvre les principes du socio-constructivisme et d’une pédagogie révolutionnaire, parce que basée sur les besoins de l’enfant et non sur la quantité des connaissances à transmettre. Ses études l’ont amené à enseigner la littérature en France et en Afrique (Mozambique et Côte d’Ivoire), en collège et en lycée. Je photographie souvent avec une chambre, une chambre photographique je veux dire, car cet appareil me permet d’avoir la lenteur que je cherche. Avec une chambre, ou un autre appareil de ce type, un moyen format par exemple, posé sur un trépied, on a le temps, et on a tout de suite une distance et un rapprochement qui se fait avec le sujet. La distance, distance nécessaire pour le regarder, pour regarder l’homme ou la femme ou l’enfant en face de moi, pour parler et trouver comme un tempo commun. Le rapprochement, car avec un appareil posé à côté de moi, et non devant moi, j’allège les rapports d’un écran de plus (ou de moins), quel que soit cet écran. La chambre sur son trépied me permet une médiation avec le monde, trouver et tourner autrement, et se rapprocher par subtils paliers. C’est donc une question de temps et de place, mais aussi, parce que c’est cela qui est contenu dans cette boite de Pandore, c’est une question de tableaux, de peintures, de livres et de musiques, qui tout à coup sont prêts à surgir dans quelques dixièmes de secondes et trouver un ré-agencement tout nouveau avec ce visage en face de moi, cette femme assise ou cette assiette contenant quelques fruits dans la pénombre et le songe d’une après-midi d’été.
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