Né en 1965, vit et travaille à Marseille. Photographe hyperactif, il porte une attention toute particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps. Souci et poétique documentaires définissent son regard, qui longe sans cesse les lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable. Territoires, objets, techniques, gestes : l’accumulation joue un rôle important dans son œuvre. Il s’agit en quelque sorte de faire l’inventaire des formes et modes de vie ayant cours dans un monde globalement ravagé par le capitalisme, pour mieux cerner ses possibilités de réinvention – dont notre survie dépend.
« Ma démarche photographique allie un regard documentaire à une création artistique. Elle part d’une expérience, d’une mythologie personnelle, … et se construit à partir de contraintes. J’explore une société dans laquelle je suis, je vis et je m’inscris, du local au global. De façon transversale, j’aborde des questions autour des rapports que l’homme entretient avec son territoire. Un territoire que j’interroge dans sa modernité où se confrontent immuabilité et changement. Mon écriture photographique se construit dans un langage poétique nourri de récits photographiques subjectifs. Ces récits photographiques proviennent de différentes thématiques, préalablement définies et développées à travers les prismes de la mythologie, de l’histoire, de la sociologie, de l’anthropologie, de la poésie. Ils sont les moteurs d’une création multipliant et croisant les points de vue. Les photographies traduisent une durée et les multiples temps de l’histoire. Elles évitent toute forme de spectaculaire et s’écartent de tous les types esthétiques qui conditionnent notre regard. J’élabore ainsi une nouvelle géographie, plus humaine, plus sensible et personnelle, ma Géopoétique. Par le mélange des traitements photographiques (noir et blanc, couleur, petits, moyens et grands formats), par la diversité des supports de création (photographies encadrées, bâches, vidéo projection, dispositif sonore, carte géographique revisitée, tracés, documents d’archives, écrits), ainsi que par l’appropriation et la participation du public (exemple 5000 photographies sur une table ronde dans Ulysse ou les constellations), je renforce et j’élargis ma création sans jamais la figer dans une seule réalité ou une seule représentation. L’installation dépasse le cadre traditionnel de la photographie, recréant une cartographie personnelle, une autre circulation du sujet, un volume, un univers en trois dimensions où tous les supports sont liés et prennent un sens dans le dispositif. Pour compléter cet esprit nomade, je propose une œuvre qui offre une pluralité d’organisations permettant sans cesse de trouver des formes nouvelles et alternatives. Elle peut se modeler et s’adapter aux lieux d’exposition, s’enrichir de nouvelles créations et s’ouvrir ou se confronter à d’autres interprétations. L’œuvre, que je souhaite ouverte, se retrouve toujours en mouvement. » Franck Pourcel