Mon premier contact avec la photographie remonte à ma petite enfance, chez mes grands-parents où mon oncle projetait ses diapositives de voyage sur un drap blanc au mur. Les repas se concluaient par un étalage de vieilles photos sorties d’une sacoche en cuir sans âge que ma grand-mère conservait comme un trésor dans la « chambre bleue ». Je crois que là, c’est forgé mon intérêt pour ce média.
C’est étudiant et autodidacte que j’ai commencé à photographier, aidé d’un vieux boitier argentique que mes premiers jobs d’étudiant m’ont permis d’acquérir. Mais c’est vingt ans plus tard, à Marseille, que j’ai véritablement entrepris un travail d’auteur, stimulé par l’effervescence de l’endroit et l’influence de mes lectures.
Aimant varier (ou n’arrivant peut-être pas à me fixer) j’adapte chaque sujet traité à un procédé différent mais qui reste toujours analogique et prône la lenteur, l’incertitude et le travail sur la matière.
Mon travail photographique oscille entre documentaire et démarche plus personnelle, et se nourrit de mon environnement proche.
Né à Alger en 1947, Jacques Filiu arrive à Marseille en 1961. Sa pratique photographique est d’abord amateure, jusqu’à devenir son activité quotidienne à l’âge de la retraite, avec une passion qui ne le lâche plus. En 2013, il est révélé lors du festival PhotoMed de Sanary-sur-Mer, puis exposé au Liban. Son travail sur Marseille, qui ne cesse de s’enrichir, fait alors l’objet de publications remarquées dans la presse spécialisée et d’articles signés par de grands noms du monde de la photographie. En 2013, il est le commissaire de l’exposition collective « Marseille en scènes, 29 regards, 29 histoires » dans le cadre de Marseille-Provence, capitale européenne de la culture. Les photographies publiées dans le livre Marseille précisément, éditions Le Bec en l’air, ont fait l’objet d’une acquisition par la BnF, département de la photographie contemporaine.
«Jacques Filiu est quelqu’un de précis. Ses photographies aussi. (…) Marseille : une ville de clichés. De lieux communs, tant galéjades que photos ! Un monsieur discret, pas du tout bruyant, erre tranquillement dans les rues – c’est Filiu -, comme si de rien n’était. Et pourtant, lui VOIT Marseille mieux que quiconque car, par rigueur et austérité, il a su ne tomber dans aucun panneau visuel. Rarement ai-je vu un tel vrai Marseille depuis les chefs-d’oeuvre de l’époque du pont transbordeur. (…) Pour moi ce sont de très grandes photographies de cette ville aux images préconçues. Il renverse la situation et nous montre là, enfin, ce qu’est vraiment devenue Marseille, précisément.» Bernard Plossu
Né le 16 décembre 1971 en Avignon, je suis venu m’installer à Marseille pour étudier aux Beaux Arts de Luminy, j’ai complété ma formation par une année à l’école Polytechnique d’Art de Bristol en Angleterre. DNSEP communication en poche, j’étais tireur photo noir et blanc et j’ai poursuivi ma pratique photographique et exposé en 1999 dans le cadre de la biennale des jeunes créateurs à Rome, ainsi qu’au mois de l’image à Dieppe. Tout mon travail de cette époque a été perdu dans un vol. Durant deux ans, dans le cadre de mon service militaire civil dans une association d’insertion, j’ai été formateur en reportage, labo et multimedia auprès de jeunes en situation difficile ; l’un d’entre eux (Didier Della Magiorra) a d’ailleurs été lauréat de la bourse photographie de la Fondation Lagardère. J’ai ensuite débuté ma carrière de photographe, mon regard s’est porté sur la ville à travers le monde avec mon projet Paysages Urbains : «Une étude photographique sur le territoire des villes à travers le monde. Ces images proposaient une relecture de l’évolution contemporaine de nos cités et espaces publics. La ville, véritable réservoir de couleurs, où viennent se juxtaposer masses de béton, aplats de bitume, parois minérales et éléments végétaux, était appréhendée comme une scène en mutation. Il s’agissait de saisir le visage aléatoire de la ville, résultat d’innombrables années d’évolutions et de cohabitations.» En 2003, alors que je m’intéressais de plus en plus à la notion de document, le service du patrimoine du conseil général de la Drôme m’a passé une commande sur les premiers sites classés par Mérimée. J’ai porté le même type de regard sur l’abbaye de Fonfroide dans le cadre d’une commande suivie d’une édition. En 2005, lors d’un séjour au Vietnam, j’ai réalisé le portrait d’un pays communiste à l’heure de la globalisation. C’est une suite d’images de paysage où se mêlent tradition, histoire récente et consumérisme de masse ; influences mêlées le long des rizières du Nord. De mon rapport à l’espace, au document, au tableau photographique sont nées des séries photographiques autour de grands chantiers : dans le cadre de Marseille 2013, la renaissance du Château Borely et sa mutation en musée, plus récemment une mission photographique autour de la création de la nouvelle médiathèque de Pertuis, construite en partie sur le site d’une ancienne église. Menant en parallèle recherches personnelles et commandes professionnelles, cela m’a permis d’acquérir une maitrise technique de ces médiums. Depuis plus de 10 ans, je réalise des visuels pour les musées, éditeurs, collectionneurs d’art : plus de 6000 œuvres d’art photographiées à ce jour. Cette technicité me permet de mener à bien mon travail plastique actuel, ma dernière exposition en date intitulée «Manière Noire», est une approche sur la nature morte, une mise en abîme de l’évolution de la représentation.
Originaire de l’Italie centrale et né en 1977, il vit et travaille à Marseille. Auteur photographe italien diplômé en Histoire de l’Art à l’Université de Bologna (Italie) à Paris, a été formé aux techniques photographiques à l’Ecole de l’Image des Gobelins et il a également étudié l’écriture de scénario au Centre Européen de Formation à la Production de Films (CEFPF). En 2015 publie son premier ouvrage, NUNC STANS, aux Éditions André Frère. Ses travaux artistiques sont régulièrement présentés et publiés dans des expositions et ouvrages individuels ou collectifs.
A travers ces photographies, Andrea Graziosi nous invite à voyager dans un espace-temps indéfinissable, en découvrant de possibles liens qu’existent entre les éléments du cosmos, une tentative de percevoir une dimension parallèle parmi d’autres. Paysages hors du temps, ambiguïtés entre animaux morts et vivants, lieux abandonnés, objets corrodés par le temps, personnages énigmatiques. Son travail pousse le spectateur vers un état entre réel et irréel, vers une zone de passage, un entre-deux. On découvre donc un monde étrange et familier à la fois, unheimlich donc, un monde plus proche de la dimension du rêve que d’une réalité objective, dont nous reconnaissons certains éléments sans pourtant pouvoir identifier un territoire distinct et définit. Ces images éveillent un sentiment d’attente, comme dans un film à suspense, dont elles pourraient être les fragments.
Maude Grübel est née à Munich en 1980. Diplômée de l’Académie nationale de la Photographie de Munich en 2004, elle quitte l’Allemagne en 2006 pour s’installer à Marseille où elle vit et travaille actuellement. Son travail a fait l’objet de nombreuses invitations dans des expositions et présentations en France, en Allemagne et en Algérie. Parmi les expositions les plus récentes, il faut citer Polyptyque – Salon de la photographie contemporaine Marseille et Polyptyque à la Galerie Binôme à Paris en 2018, Jardin d’essai au Château d’Eau de Toulouse et à la Villa Méditerranée Marseille en 2017 ainsi que dans la galerie Warte für Kunst à Kassel en Allemagne en 2016. En 2014 elle est invitée de présenter son travail Lisières au Mucem. En 2015 Maude Grübel publie son premier livre Jardin d’essai, un ensemble de photographies réalisées à Alger et ses alentours entre 2009 et 2014 chez Filigranes éditions en coopération avec Zoème éditions. Un ensemble de ce travail a été acquis par le FRAC PACA en 2019. En parallèle à ses projets personnels, elle encadre régulièrement des ateliers de pratique artistique.
« L’intime en photographie est un territoire fragile qui nécessite d’être parcouru avec prudence. Allemande vivant en France, Maude Grübel inscrit son œuvre sur ce fil tendu avec un mélange de pudeur et de détermination. Les origines, celles de sa famille, la Tunisie, la Pologne mais aussi l’Algérie, le parcours personnel, les trajectoires, les épreuves… La photographe ne recule pas devant ses sujets. Elle construit ses images avec force et retenue, élaborant une œuvre éminemment personnelle qui résonnent pourtant au-delà de l’expérience subjective. Maude Grübel saisit des fragments de corps et des espaces morcelés, elle met en place un ensemble qui (re)construit une mémoire, parcellaire ou précise. Parfois, des dessins accompagnent l’élaboration de ses projets, ils agissent à l’endroit de la sensation, de l’insaisissable, le trait prend alors le relais de l’image dans cette exploration sans compromis de ce qui fait l’humanité. » Guillaume Mansart, Directeur artistique de Documents d’Artistes PACA
« Après mes études à l’Académie nationale de la Photographie de Munich, je quitte l’Allemagne en 2006 pour m’installer à Marseille. D’un père allemand et d’une mère française née en Tunisie, mon travail circule entre L’Europe et le Maghreb. Je travaille sur les rapports entre notre identité intime et notre identité sociale et j’interroge le rôle des ruptures dans les trajectoires individuelles aussi bien que dans l’histoire collective. Les mutations du monde, la construction mémorielle, leurs lacunes, ce qui reste, qui s’efface et se transforme charpentent mon travail. J’utilise différents procédés photographiques et j’inclus archives, images scientifiques, notes, planches-contact, fragments collectés et transferts de polaroïds dans mes travaux. Je collectionne des images… À travers ces inventaires photographiques j’associe récits documentaires et écritures poétiques. Par le dessin régulièrement présent dans mes recherches artistiques, je traduis de manière plus directe l’intangible.« Maude GrübelJour de voyage
Si Stéphane Guglielmet rêve d’ailleurs, il part le chercher en train. Sans rien attendre, comme si cette errance créative née d’une envie d’imprévu amenait à lui des visions inattendues. Depuis trois ans, cet explorateur du « non loin », adepte du rail, arpente notre territoire commun sans bagage, l’appareil à la main. Et dessine en images sa géographie secrète. Son pays, son point de vue. Il creuse un sillon photographique loin du pittoresque comme on trace un chemin qui forme, à vive allure, un récit. Un carnet de transports intérieurs dont les jalons sont le mouvement et la marche. Une quête intime qui invite simplement, sans mise en scène et avec pudeur, à être le passager clandestin de son poème visuel, ballade composée avec l’aléatoire de la flânerie. Une sorte d’appel à franchir un pas de côté, à saisir cet instant fugace, à peine entrevu…
Son objectif est braqué sur l’ordinaire, à la manière d’un Walker Evans qu’il vénère. Lui aussi a ce goût pour l’anonyme jamais anodin, le quotidien révélé dans de menus riens. Mais ses photographies sont portées par un je-ne-sais-quoi très personnel, dérobé à la conscience presque par accident. Sa série nomade se traverse comme une enfilade de fenêtres au bord desquelles on pourrait priser le sel du moment, cet éternel absent. Une voie balisée de brèches pour apercevoir à travers le brouillard du banal les contours des faubourgs. En effet, ses scènes plongent dans un réel peuplé de nuages, fracturé par les lignes électriques. Elles laissent poindre une rumeur urbaine dont les éléments d’architecture témoignent de l’univers familier de la frontière : ce non-lieu entre la campagne et la ville, ces zones volées à la nature où l’homme impose sa marque. Et puis, il y a les gares et autres carrefours, les trains à l’arrêt et les lumières douces du passage du jour à la nuit. Promesses de promenades, les cadrages jouent avec les reflets et les ombres fugaces. La répétition des traces de vie comme autant de signes à suivre, la fréquence de détails à repérer, mettent à jour un monde changeant. Ici et là, des présences fragiles, fuyantes mesurent l’intervalle entre le présent, un passé rêveur et un avenir incertain, comme l’abîme entre le minéral et le végétal. Ces instantanés qui entretiennent l’impression d’un déjà-vu, souvenirs d’autres aiguillages ou de cités perdues, exhalent alors l’air de la périphérie.
L’expédition suggestive de Stéphane Guglielmet traque le hasard, l’imparfait. Peut-être est-ce là l’unique fil conducteur de cet ensemble d’images équivoques, qui « marchent ensemble » pour mieux susciter des associations d’idées éphémères. Versatiles et transitoires comme les détours ferroviaires que ce chef d’équipage souligne à coups d’allégories légères. Un itinéraire, une méthode qui façonnent des espaces entre-deux où le regard attentif du plasticien marseillais est aimanté, sourd au tumulte du trajet, par le paysage mouvant.
Gwenola Gabellec
Photographe humaniste, voyageur et urbain, j’ai toujours eu le désir de cristalliser le fugitif, de révéler l’imperceptible. Je ressens de la poésie dans des atmosphères décalées ; j’aime la surprise des rencontres inattendues ; j’aime traverser le miroir et pénétrer des mondes parallèles… c’est ce que j’exprime dans mes images.
Mon approche photographique aborde différents sujets : l’architecture, les paysages urbains, la rue et les gens… Pour mes prises de vues, je déambule « au feeling » au sein des lieux où je me trouve; particulièrement attiré par les espaces en mutation, les friches urbaines, les mondes entre deux, les espaces oubliés, ceux en construction, les quartiers « chauds » ; où je me trouve en résonance.
Anne Loubet développe une démarche documentaire animée par le réel. Rencontrer l’autre, être au monde et aller toucher du doigt ses semblables, avec pour fil conducteur de ses problématiques : la pulsion de vie, traquer chez l’autre cet élan, cet état de grâce, cette foi, ou quête d’absolu.
Elle cherche la forme sans se limiter à un outil de représentation, la photographie, le film ou l’écriture, selon les nécessités des rencontres et des projets.
Son travail se développe par série sur des territoires clos et interroge souvent le lien avec le groupe, les espaces publics et collectifs.
Elle traque nos capacités à faire corps, nos aspirations et nos failles et les met en scène avec un peu de dérision.
Née en 1985 sur la Côte Vermeille, Léna Maria grandit là où les montagnes se jettent dans la mer. Profondément marquée par ce territoire, le paysage devient une obsession et le cœur même de sa photographie.
Son parcours s’est construit au fil de conversations entre diverses disciplines : de l’humanitaire à l’anthropologie, des sciences politiques à la géographie. Elle part vivre au Maroc en 2012 et réalise là-bas ses premières séries photographiques. Depuis 2015, elle poursuit ses projets et collaborations à Marseille, son port d’attache. Son travail est exposé en France et à l’étranger (Royaume-Uni, Maroc, Inde). En 2017, elle participe à une exposition collective à l’initiative du Musée Picasso-Paris : ses photographies côtoient les estampes de Picasso et les images de Man Ray. En 2019, elle est finaliste du prix Polyptyque et expose au Centre Photographique de Marseille. Elle est représentée par le studio Hans Lucas depuis juillet 2019.
Ma recherche visuelle gravite autour de la notion de « paysage », sous forme de petites fictions photographiques. Il y est question de matières, de fêlures, de mémoires et de rituels. J’aime suivre le détail, l’obsession, la trace. Je garde un rapport précieux aux sciences humaines et à la littérature notamment au sein du projet Tracks
Né en 1972, diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, vit et travaille à Marseille.
Ses travaux interrogent la manière dont certaines questions écologiques ou politiques se concrétisent dans le paysage. À travers des protocoles de parcours, il documente les territoires en mutation, les frottements ville-nature ou les « résistances poétiques » dans les usages des lieux.
Dans sa quête de compréhension des modes d’habitation de notre monde, il cherche dorénavant à exercer son regard hors du paradigme « nature-culture ». Il travaille ainsi à photographier de manière moins distanciée, plus inclusive et directe et à orienter ses productions vers la représentation d’expériences humaines déplaçant nos rapports au vivant.
Qu’elles émanent de commandes de collectivités, de résidences de territoire ou d’initiatives personnelles ses séries sont menées sous la forme d' »enquêtes poétiques ». Autrement dit, lors de l’arpentage de terrain, les rencontres sensibles avec le réel qui font advenir les images, sont précédées et enrichies d’une période de préparation documentaire rigoureuse.
Saisir les mots clés et valider par "ENTRER"
Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience de navigation sur le site.
Hors de ces cookies, les cookies classés comme nécessaires sont stockés dans votre navigateur car ils sont essentiels au fonctionnement des fonctionnalités de base du site.
Nous utilisons également des cookies tiers qui nous aident à analyser et à comprendre comment vous utilisez ce site.
Ces cookies ne seront stockés dans votre navigateur qu'avec votre consentement. Vous avez également la possibilité de désactiver ces cookies.
Toutefois, la désactivation de certains de ces cookies peut avoir une incidence sur votre expérience de navigation.