Ezio D'Agostino NEOs
Jusqu’en 1870, le Luxembourg était un pays pauvre. Le sous-sol du pays abritait pourtant une des plus grandes réserves de fer au monde. Mais la qualité du fer luxembourgeois était médiocre : la présence de phosphore rendait le métal inutilisable et la terre stérile. C’est seulement en 1877 que l’anglais Sidney Thomas invente le procédé permettant de séparer le fer du phosphore. Le Luxembourg commence alors à développer une importante industrie sidérurgique. Il devient rapidement un des premiers pays exportateurs d’acier au monde et s’élève au rang de nation sur le plan géopolitique.
L’extraction, la fusion et la transformation de fer garantissent au pays une situation économique confortable jusqu’à la crise du fer des années 1970. Le Grand-Duché décide alors de restructurer son économie : l’extraction du fer est interrompue et le pays développe une économie basée presque exclusivement sur le système bancaire et financier, faisant du Luxembourg le deuxième pays le plus riche au monde. Au moins jusqu’à aujourd’hui.
Dans la crainte d’une nouvelle crise financière, en 2016 le Luxembourg a rendu publique son programme SpaceResources, le premier programme spatial pour l’exploitation minière des astéroïdes et des objets spatiaux proches de la Terre (en anglais NEOs – Near Earth Objects).
Ce programme est conduit par le gouvernement luxembourgeois à travers une stricte collaboration avec les géants du capitalisme technologique mondiale – Ebay, Paypal, Amazon, Google… – et financé par les plus puissantes banques d’investissement telles que Morgan Stanley ou Goldman Sachs. Mis entre les mains de sociétés privées, ce programme est ainsi destiné à devenir l’une des activités les plus lucratives de la seconde moitié de notre siècle.
Le projet NEOs vise à raconter cette aventure spatiale avec une approche diachronique, en analysant le processus de construction et de dématérialisation de la richesse au Luxembourg : à partir de celle produite par la matière tangible à l’ère industrielle, jusqu’à sa transformation en valeur pure à l’ère capitaliste, jusqu’à la prochaine capitalisation de l’espace de la part de la finance mondiale.
Considérant le Grand-Duché comme un paradigme de l’évolution de nos sociétés occidentales, NEOs souhaite être une hypothèse visuelle sur la future « capitalisation de l’espace », une illusion de progrès construite sur les vestiges visibles de notre époque, un objet trop proche de la Terre pour être regardé avec la bonne distance.
Le livre – Skinnerboox Editions / Centre National de l’Audiovisuel (Luxembourg)
500 exemplaires
24x30cm
Deux livres à l’intérieur d’une enveloppe argentée sérigraphiée
48 pages + 24 pages
Reliure suisse
Design : Nicolas Polli
Texte : Andrea Soto Calderòn