Entretien avec Arnaud Bizalion, éditeur
Quand et comment avez-vous décidé de devenir éditeur ?
C’est un chemin tout naturel que j’ai suivi depuis l’enfance. Les livres illustrés, les livres de littérature, les premiers livre de photographie m’ont toujours accompagné. Après les Beaux-Arts (option photographie), co-création d’Images En Manœuvres, studio de création graphique, puis, du catalogue d’exposition à l’édition de livres de photographie, la frontière était mince pour devenir éditeur.
Un ouvrage qui vous a donné envie de vous lancer dans l’aventure ?
Les influences sont diverses, mais Le Voyage mexicain, de Bernard Plossu, éditions Contrejour, a été très certainement déterminant par cette grande liberté de style.
Une grande partie de votre production concerne la photographie. Pourquoi cette orientation ?
Il s’agit d’intuition. On ne publie bien que ce que l’on aime, et que ceux que l’on aime. L’idée de transmettre, faire connaître, partager avec d’autres est primordial. Mais l’autre valeur essentielle, est la relation amicale qui se crée au fil de la création éditoriale. La photographie permet cette connivence. C’est un médium qui se comprend très vite, où presque tous les sens sont en éveil.
L’art total, la réussite consiste à toucher les « lecteurs-regardeurs », où l’association photographe- graphiste-éditeur-diffuseur-distributeur-libraire touche enfin à son but. A chaque nouveau livre il y a un nouveau challenge.
Vous avez connu la transition avec le numérique. Cela a t-il impacté le milieu de l’édition photo ?
L’édition photo a bien été impactée par le numérique. Il y a avant et après. Cela a permis de travailler plus vite, de brasser plus d’images, de désacraliser la photographie, de monter des maquettes sur écran, d’offrir des possibilités de mise en page inimaginables jusque là, de photogravure, et d’impression. Des progrès rééls ont été réalisés avec une qualité de reproduction sans cesse meilleure.
Vous avez publié récemment « [Auto]Edition photographique, enquête sur une mutation » de Céline Ravier, qui aborde entre autres la place de l’auto-édition dans le milieu de l’édition photo. Est-ce un phénomène qui va s’amplifier ?
L’auto-édition répond à un besoin jusque-là présent mais enfoui. Auparavant, seuls les auteurs reconnus, ou ayant les moyens financiers avaient accès à l’édition. Le développement des connaissances techniques et du tout numérique, la démocratisation des savoir-faire permettent aux auteurs émergeants de se décomplexer et de se lancer dans l’aventure. Mais qui dit production de livre en masse, dit diffusion, distribution pour « écouler » la production. Or, les points de vente atteignent aujourd’hui un niveau de saturation jamais atteint. Nous assisterons, sans aucun doute, dans les prochains mois, à un tassement de la production auto éditée, à un retour vers un modèle plus traditionnel, et à d’autres formes de diffusion plus économes d’énergie.
Vos projets pour les mois à venir ?
Ma ligne éditoriale continue avec cette base fondamentale qu’est la photographie et principalement les monographies. La photographie se marie aussi très bien avec toutes les formes d’écriture (littérature, poésie, journal intime, …), ainsi qu’avec les sciences humaines. Ainsi, les projets pour les mois à venir s’inscrivent ils dans cette ouverture au(x) monde(s), à son observation, afin d’instaurer des dialogues nouveaux et multiples.
Propos recueillis par Christophe Asso