Vincen Beeckman Partout ailleurs ce serait Marseille
Le Zef expose actuellement les images du photographe belge, réalisées à Marseille il y a quelque mois durant « une sorte de résidence à son image : frénétique, humaniste et bienveillante ».
Propos recueillis par Christophe Asso
Comment est né ce projet de résidence à Marseille ?
Le projet a démarré suite à l’invitation de Yohanne Lamoulère qui est artiste associée au ZEF.
Vous êtes venu à Marseille deux fois, avec à chaque fois un planning très dense. Comment était organisée la résidence ?
La résidence a été orchestrée de main de maître par Alice Purgu du Zef qui m’a construit un programme de visite dans la ville. L’idée était de bouger un maximum, de rencontrer un maximum de monde dans des univers très différents : un hôpital, une salle de Body Building, un fan de pêche, des mamies arméniennes qui jouent au loto, des musiciens, des skateurs, des fans de foot … Le principe consistait aussi à ce que je dorme chaque soir chez une personnes différente, j’étais donc hébergé dans des quartiers différents, dans des ambiances différentes avec chaque fois des points de vues différents sur la ville. C’était intense. Il n’y a pas eu beaucoup de repos mais c’est ce que je recherchais.
Comment s’est effectuée la sélection des images pour l’exposition au Zef ?
La sélection s’est fait de manière assez intuitive. Il y a des images qui sautent aux yeux directement comme celle du boxeur Omar ; une paire de jambes qui s’engouffrent dans un blockhaus de la deuxième guerre mondiale ; voir Pierre qui épluche une orange. Puis ensuite il y a les images connexes qui apportent du récit à la série. Qui racontent une chronologie … qui se fondent dans l’ensemble ou qui mettent en valeur les images plus fortes, disons.
J’ai découvert votre travail avec la série « Claude et Lilly ». Comment définiriez-vous votre photographie ?
Ce serait une photographie de rencontres. Une photographie d’alibi pour justifier sa présence sur place et aussi un excuse pour revoir les personnes et établir un lien. Il faut qu’il y ait un « match » comme pour Claude et Lilly avec lesquels j’ai passé plus de quatre ans. À chaque fois je leur apportais les images de la fois passée et j’en refaisais une …
Quels sont vos projets ? L’envie de revenir à Marseille ?
Pour le moment je travaille beaucoup en Belgique, à Bruxelles, Gand, Anvers et Charleroi pour différents projets qu’il serait long d’expliquer ici en détails. Mais pour en choisir tout de même un, je prendrais celui qui se termine en premier, celui à Anvers avec le Fotomusem et la Ville d’Anvers. Pour le centenaire des Jeux Olympiques qui se sont tenus dans la ville en 1920 une mission m’a été confiée de photographier les riverains sportifs dans le quartier Olympique de l’époque (le Kiel). Le but final étant de présenter ces images sur l’extérieur du stade en grand format. Une soixantaine d’images. Donc je m’immerge dans le quartier un peu comme à Marseille et je rencontre des gens. J’aimerais bien entendu revenir à Marseille et continuer la série démarrée. J’ai pris contact avec l’Epide, un projet d’insertion sociale et professionnelle pour jeunes, mais vu la situation sanitaire rien n’est évident. Puis il faut bien entendu trouver des partenaires qui soient aussi motivés que le ZEF pour me recevoir et rendre cela possible.