Photographe scientifique puis publicitaire dans les années 80, Arnaud du Boistesselin travaille pour de grandes agences publicitaires sur des budgets grand-public et pour des magazines de luxe comme les titres de l’éditeur Condé-Nast. Dans les années 90, tout en continuant son travail de journaliste du « luxe » il commence un travail sur le monde arabe et plus particulièrement l’Egypte qu’il a habité pendant quinze ans. Le Caire est un sujet d’inspiration sans fin, son travail commence le 11 septembre et finit avec la prise du pouvoir par Abdel Fattah al-Sissi et l’armée.
Abandon et solitude sont les deux concepts de bases de son travail. La vie au Caire ne correspondant pas à ce qu’il y a vu dans les images des autres, il commence alors une série de portraits de rue en caméra cachée. La misère, l’abandon par le pouvoir d’un peuple qui n’en peut plus reste l’axe de ce corpus difficilement acceptable. L’accumulation des situations donne encore ce sentiment d’oppression. Dans le même temps il parcourt le Caire et fait un inventaire des immeubles khédiviaux du Centre- Ville, intérieur et extérieur. Une des particularités de ces photographies est l’absence totale d’habitants rendant encore plus prégnantes ces grandes surfaces intérieures théâtrales et le luxe décati des années superbes. A son arrivée à Marseille, à nouveau il travaille sur la ville comme il l’a fait, auparavant sur Alger ou Tunis.
Son travail, essentiellement numérique, permet d’aller très profondément dans l’écriture photographique. Par delà le document ethnographique se révèle un regard d’une proximité qu’il accentue par des tirages d’une densité exacerbée. Il traite et imprime lui-même son travail en noir et blanc.