Deregibus Monique

Deregibus Monique
Présentation du travail

Née en 1955, à Marseille. Vit et travaille à Marseille et à Lyon.

Dans le cadre de Septembre de la photographie à Lyon, Monique Deregibus propose l’exposition «Aux habitants des villes » au centre d’art de Saint-Fons. L’ensemble se compose d’images extraites de son imposant travail publié sous la forme d’un livre – « Hôtel Europa » – ainsi que d’une série inédite consacrée à Las Vegas. Les grands tirages d’Hôtel Europa se distribuent en deux ensembles «topographiques »: les vues de Sarajevo et celles d’Odessa auxquels s’ajoute l’unique image (un wagon ouvert, faisant fenêtre sur l’infini) réalisée à Marseille. «Monique Deregibus ne pratique pas un art de l’image transitive: les légendes ne précisent pas les lieux ou les moments, les images parlent d’elles-mêmes en maintenant le sens ouvert. Les vues offrent toutefois des motifs récurrents. La plupart du temps des architectures à partir de points de vue surhaussés, des manières de vedute pointant sur des bâtiments aux surfaces éraflées, quand les structures ne sont pas elles-mêmes en péril. Ces espaces héritiers d’une histoire du paysage conceptuel – l’esthétisation de la nature dénaturée – forment le décor abandonné des tragédies historiques. On imagine sans peine quel tourment a précédé le temps des images: des pluies d’obus, des rafales d’armes automatiques, des cris. Le silence qui règne en chaque photographie résonne du poids de l’histoire. La lumière détourne toutefois ces représentations de tout sentiment dépressif. Une lumière méditerranéenne, avec un soleil haut et des ombres franches, flatte les couleurs et il règne ainsi une atmosphère paradoxale. Cela est moins vrai en considérant les vues réalisées à Odessa, mais il s’agit ici d’organiser une forme de désillusion. En effet, l’artiste confie volontiers qu’elle espérait retrouver après un long voyage l’Odessa révolutionnaire du Potemkin, et qu’elle n’a trouvé là qu’une cité standardisée. Le fameux escalier du film d’Eisentein n’aboutit-il pas à l’Hôtel Odessa ? Une salle présente de petites images réalisées récemment à Las Vegas. Monique Deregibus revient d’une certaine manière vers un sud américain qu’elle avait beaucoup photographié sur un mode minimaliste il y a de nombreuses années. Désormais, à grand renfort de couleur, elle observe la ville où viennent mourir tous les espoirs de grandeur dans les fastes du kitsch. Les seuls personnages qui apparaissent sont ceux des homeless. Il y a ainsi dans l’art de Monique Deregibus une tentative de représenter l’histoire, les utopies et des désirs comme s’il en allait d’une fatalité.»

Michel Poivert, Septembre de la photographie 2008, Lyon

À partir du désert du Nouveau-Mexique 1989-1999, 10 années d’ obsession en quelque sorte, et en noir et blanc. Un travail qui dort toujours à sa manière, peu montré,  un travail essentiel pour mon rapport à la photographie. Car il y faut toujours une bonne dose de folie douce, d’ incompréhensible à soi-même pour découvrir dans l’après coup, tout ce qui/quoi  d’ essentiel était déjà logé là… Disjonction entre la surface lissée et apaisée de la photographie souvent présentée en très grand format  d’ avec l’histoire particulièrement violente qui a été vécue là. Ce n’ est que beaucoup plus tard, dans l’ après coup de ma pratique photographique que je comprendrai ce qui déjà se logeait là, une espèce d’ image apaisée et en suspens,  telle qu’elle voile et dévoile à la fois, véhiculant presque toujours la mémoire d’ une histoire chaotique de cris et de guerre. Voici ce à quoi je me suis attelée dans   l’ ensemble de mon travail, et ce n’ est pas un hasard si plus tard je me suis rendue dans des villes  traumatisées, telles que Sarajevo, Beyrouth, Nicosie, Kaliningrad… Alors, si «le petit livre rouge,» réalisé à partir d’un quartier spécifique de Valence le haut fut ma première aventure éditoriale,  produite en parallèle avec mes déplacements au désert,  je ne cesserai plus désormais de vouloir réaliser des livres. Car il y a dans la photographie et le livre un rapport étroit d’appartenance et de statut, comme un double rôle joué par la reproduction, à la fois instrument critique et solution artistique qui me paraît essentiel. Monique Deregibus

Téléphone
06 21 09 35 41
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