Philippe Conti Saint-Louis
Territoire aux limites mouvantes, coincé entre fleuve et mer tel une presqu’île, il n’a longtemps accueilli sur ses terres hostiles qu’une mince population nomade de pêcheurs-chasseurs, ou de pirates s’abritant dans les marais du delta, avant de devenir la cité industrialo-portuaire que nous connaissons aujourd’hui. De cette époque, une forme d’habitat particulier a été conservée. Dans le delta parmi les marais, au milieu d’un paysage composé de lagunes, étangs, dunes et zones marécageuses se cachent encore des cabanes. Héritières des cabanes-bateaux et autres constructions vernaculaires, elles étaient construites selon un plan simple. Les premières, en bois de récupération servaient parfois d’habitation, sinon d’abri pour la chasse ou la pêche. Ces activités, loin d’être alors un loisir, conféraient un revenu supplémentaire aux ouvriers du port. Détruites lors de la seconde guerre mondiale, elles furent reconstruites en dur avec les matériaux abandonnés par les soldats allemands. Avec le temps, elles sont progressivement devenues des lieux de villégiature attestant de la force de la tradition et de la vivacité du mythe qui les accompagne. La ferveur avec laquelle sont préservés ces modestes édifices, témoigne de l’attachement des autochtones à cette tradition vernaculaire et à leur volonté de la transmettre. Reconnue avec le temps comme un symbole communautaire fort, la conservation de ces cabanes passe par la reconnaissance du patrimoine paysager auquel elles appartiennent. Travail en cours