Léna Maria Blast
Blast signifie en anglais «l’effet de souffle» d’une explosion. Que reste-t-il après le passage de cette onde de choc ? Quelles traces, quelles stigmates laisse le «Blast» ? Du noir profond surgissent des fragments. L’explosion a laissé dans l’air des notes graves, suaves. Des formes émergent de l’ombre, telles des visions électrisantes ancrées dans un univers charbonneux. Entre elles, les images conversent, évoquant la rugosité de l’invisible. Ces images portent des noms empruntés au vocabulaire des sciences géographiques. La charge symbolique et poétique de ses mots résonne comme un rappel du lien sacré à la terre. Il y a quelque chose d’abrupt, de rêche dans ses sonorités : Horst – Karst – Esker… épousent ainsi l’âpre et le granuleux des photographies.
« Confrontée à Blast, ma pensée se perd dans cet univers proustien, monde dans lequel le souvenir ne fixe pas un bonheur ou un malheur vécu, mais le crée à l’instant présent. Aussi, ma conscience divague dans la photographie pictorialiste d’un Edward Steichen ou d’un Alfred Stieglitz. Le noir et blanc, son grain et son flou, révèlent immanquablement la nostalgie d’un temps révolu, avec des visages et des corps qui n’appartiennent plus au temps présent. Je pense à l’œuvre de Marguerite Duras, à la voix de Jeanne Moreau, aux premiers films d’Alain Resnais. Avec l’écriture de Léna Maria, je voyage dans la photographie japonaise. Je vois défiler les images d’Eikō Hosoe, de Daidō Moriyama, de danse butoh et à l’état préhistorique : l’eau, la pierre, le ciel, le vent. Des éléments réduits à leur essence. Je ressens le désastre de la guerre et de la folie humaine, de la vieillesse et de la mort qui rode mais aussi, la présence du corps de la femme, en mouvement, en vie. Belle. Dans Blast, il y a Hiroshima mais aussi, Mon amour. » Pascal Ferro, commissaire d’exposition